DANS TON ELEMENT

Nelly Barad

2 mai 2020

© La forme de l'eau, Guillermo del Toro (2017), Fox Searchlight / Twentieth Century Fox - © La tortue rouge, Michael Dudok de Wit (2016), Ghibli / Wild Bunch / Why Not

Quel est le point commun entre La Tortue rouge et La Forme de l’eau ?

On pourrait répondre : une poésie qui ne s’encombre pas de mots, puisque Elisa, l’héroïne de La Forme de l’eau de Guillermo del Toro, est muette et que le film d’animation La Tortue rouge de Michael Dubok de Wit ne contient aucun dialogue.

On pourrait souligner la présence obsédante de l’eau qui encercle les personnages. L’eau vivante pour l’amphibien capturé par un colonel américain sans scrupule, et aussi pour l’énigmatique tortue rouge, deux êtres à mi-chemin entre être humain et créature fantastique.

On pourrait aussi évoquer l’évasion. Elisa, aidée par son voisin, sa collègue et un médecin espion soviétique, organise la libération de l’amphibien, prisonnier dans un laboratoire américain secret en 1962. Le jeune homme naufragé sur une île déserte de La Tortue Rouge tente de s’échapper sur un radeau de fortune, mais une énorme tortue rouge l’en empêche.

© La tortue rouge, Michael Dudok de Wit (2016), Ghibli / Wild Bunch / Why Not

On pourrait parler de la mort et de la résurrection. Le dieu aquatique du film de del Toro a non seulement le pouvoir de guérir les blessures, mais aussi celui de faire revenir à la vie Elisa, victime des balles tirées par les scientifiques américains. Quant à la tortue rouge, elle renaît sous la forme d’une jeune femme après avoir été tuée par le naufragé exaspéré.

On pourrait parler d’amour et d’apprivoisement, de l’approche délicate de l’autre et de la reconnaissance des sentiments, de la capacité à se laisser aimer par l’improbable.

© La forme de l'eau, Guillermo del Toro (2017), Fox Searchlight / Twentieth Century Fox

On pourrait s’attarder sur la métamorphose. Celle d’Elisa dont les cicatrices se transforment en branchies lorsqu’elle est entrainée dans l’eau par l’amphibien, seule condition pour vivre leur amour, et celle de la tortue rouge qui devient femme, puis mère et enfin compagne de vieillesse de l’unique occupant de l’île, avant de reprendre sa forme originelle à la mort de l’homme.

On pourrait dire le milieu clos (le laboratoire, l’île), la violence des hommes et de la nature, et tous ces bleus qui se déclinent, capricieux, hésitant entre les verts et les gris. Sans omettre le rouge vivant de la robe d’Elisa et de celui des cheveux de la femme-tortue.

On pourrait répondre encore pendant des pages.

On pourrait écrire tout simplement : deux très beaux moments de cinéma, deux voyages enchantés dans des mondes « étranges et familiers » à la fois…

Nelly Barad

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